Vous
levez les yeux du parchemin, des yeux rougis et blessés par la
lecture que vous leur avez infligé, et vous le rangez dans l'étui
de cuir craquelé pendu à votre cou.
Vos frères sont proches maintenant,
vous pouvez presque entendre leurs chiens qui sillonnent votre domaine
depuis des mois à la recherche du petit morceau de peau reposant
sur votre poitrine. Ils savent à présent où il se
trouve, et approchent.
Le pouvoir qui coule dans vos veines immortelles
est tel à votre âge que le Bétail qui tente de vous
approcher voit son esprit fondre sous la pression du vôtre, vos
frères savent qu'ils vont devoir vous délester de votre
trésor en personne...
Quels sots ! S'ils savaient que leur croisade
causera leur perte, s'ils avaient passé autant de temps que vous
sur les interprétations des idéogrammes de Caïn, ils
auraient pu percevoir ce qui vous apparaît clairement, que le Livre
de Nod reconstitué sonnera le glas des Vampires.
La porte de votre domaine explose alors,
vous ramenant durement à la réalité, un sourire parvient
néanmoins à déformer votre bouche et découvrir
vos crocs étincelants quand vos deux frères entrent dans
la pièce, gorgés du sang de vos
esclaves et rayonnants du plaisir de la chasse.
Votre rictus devient alors un franc sourire
et vous vous levez de votre trône de chair pour les accueillir,
une main cacheé dans les replis de votre toge et l'autre tendue
en signe de paix.
Votre sourire s'élargit encore.
L'incertitude se peint sur leurs visages.
Vous pressez le détonateur.
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