« L’Eternel dit a Caïn : Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait venge sept fois. Et l’Eternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuat point. Puis, Caïn s’eloigna de la face de l’Eternel et habita dans la terre de Nod, a l’orient d’Eden.
Caïn connut sa femme ; Elle concut et enfanta Henoch. Il construisit ensuit une ville et il donna a cette ville le nom de son fils Henoch. » Genese 4,15-17.

Vous levez les yeux du parchemin, des yeux rougis et blessés par la lecture que vous leur avez infligé, et vous le rangez dans l'étui de cuir craquelé pendu à votre cou.

Vos frères sont proches maintenant, vous pouvez presque entendre leurs chiens qui sillonnent votre domaine depuis des mois à la recherche du petit morceau de peau reposant sur votre poitrine. Ils savent à présent où il se trouve, et approchent.

Le pouvoir qui coule dans vos veines immortelles est tel à votre âge que le Bétail qui tente de vous approcher voit son esprit fondre sous la pression du vôtre, vos frères savent qu'ils vont devoir vous délester de votre trésor en personne...

Quels sots ! S'ils savaient que leur croisade causera leur perte, s'ils avaient passé autant de temps que vous sur les interprétations des idéogrammes de Caïn, ils auraient pu percevoir ce qui vous apparaît clairement, que le Livre de Nod reconstitué sonnera le glas des Vampires.

La porte de votre domaine explose alors, vous ramenant durement à la réalité, un sourire parvient néanmoins à déformer votre bouche et découvrir vos crocs étincelants quand vos deux frères entrent dans la pièce, gorgés du sang de vos esclaves et rayonnants du plaisir de la chasse.

Votre rictus devient alors un franc sourire et vous vous levez de votre trône de chair pour les accueillir, une main cacheé dans les replis de votre toge et l'autre tendue en signe de paix.

Votre sourire s'élargit encore.

L'incertitude se peint sur leurs visages.

Vous pressez le détonateur.

 

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